Body Language, David Bolger
« 65% de notre communication serait non-verbale, faite de nos gestes, notre posture, notre façon de parler, de quoi on a l’air » : c’est sur ce postulat que David Bolger met en scène de la performance Body Language à la Royal Hibernian Academy. Mélange de danse et d’outils multimédias, le travail du directeur artistique de la compagnie de danse contemporaine CoisCéim explore notre rapport au corps dans sa dimension spontanée et naturelle. Cette œuvre à la forme innovante est visible tous les jours, et chaque dimanche une représentation spéciale a lieu. Inscrit dans une durée de presque un mois (17 novembre au 10 décembre), cette performance est en évolution permanente, se créant à travers les différentes représentations.
Je m’y suis donc rendu dimanche dernier, ne sachant pas vraiment à quoi m’attendre, partageant les clichés qui courent sur une idée de la danse contemporaine comme pratique farfelue et inaccessible. C’est pourtant avec des yeux émerveillés et la sensation de descendre d’un nuage que j’ai quitté la RHA.
Dans une grande salle à l’atmosphère ouatée, le public s’installe avec nonchalance à même le sol ; une douce musique aérienne et des projections photographiques recouvrant les murs lui tiennent compagnie. Leurs silhouettes créent des vagues ombragées sur les façades éclairées. On se sent bercé comme au sein d’un aéroport.
Un homme arrive, un béret sur la tête. Avec le cameraman - qui suit le moindre de ses gestes, immédiatement retransmis en pièces découpées sur les murs -, ils entament une chorégraphie silencieuse. Le cameraman souffle des émotions à l’oreille de l’homme au béret, qui les interprète alors physiquement. L’un apprivoise l’autre, c’est Le Petit Prince et le renard. On ne saurait dire si c’est improvisé, tout semble si spontané. Comme dans le cinéma de la Nouvelle Vague, l’artiste filmé a conscience de la présence de la caméra et joue avec. Ludique, enfantin, délicat.
Apparaissent alors ceux qu’on imagine être les danseurs, tout vêtus de blanc, prenant place parmi le public. Ils s’assoient, imitent les pauses des spectateurs. Si vous faites preuve de gêne ou de résistance, ne comptez pas sur leur résiliation, ils maintiennent le regard, avec audace, poursuivant jusqu’au bout cette communication non-verbale.
Une fillette parcourt la salle en courant : un danseur la suit en sautillant comme un moineau guilleret. Rires de la salle à la vue de ce geste emprunt de poésie, et d’un humour désarmant. Tout et tous font partie du spectacle, en création perpétuelle.
L’ambiance devient alors encore plus légère : la lumière se bleuifie, la musique est désormais violonisante ; on est prêt à s’envoler. Les danseurs s’élancent, expressifs, inspirants ; un déploiement d’oies au manteau blanc…
On se laisse emporter par cette danse poétique, emprunte de délicatesse. Un chœur se joint par la suite à la performance. Les formes se croisent pour créer une œuvre toujours plus riche et enivrante.
Un vrai coup de cœur, à ne pas rater si possible ! Si jamais toutefois vous manquez cette performance, c’est l’occasion de découvrir les autres spectacles de la prolifique compagnie CoisCéim basée à Dublin.
Picture 1 : BODY LANGUAGE by David Bolger_in the photo Ryan O'Neill (Foreground), David Bolger (Background)_Photo by Christopher Ash_04
Picture 2 : BODYLANGUAGE by David Bolger_in the photo Ryan O'Neill_Photo by Christopher Ash_02
Picture 3 : BODY LANGUAGE by David Bolger_in the photo David Bolger, Christopher Ash_Photo by Christopher Ash_03
Picture 4 : BODYLANGUAGE by David Bolger_in the Photo David Bolger_Photo by Christopher Ash_01
Le petit +
La Royal Hibernian Academy est un des lieux à voir à Dublin : à deux pas de St. Stephen’s Green, elle est composée de plusieurs salles d’exposition où l’on trouve des choix toujours osés et audacieux.
15 Ely Pl, Dublin 2
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